Ethique et bonne fortune

Salvete,

Vous devez vous dire que je cause beaucoup depuis peu. Et ce n’est pas faux. Jusqu’ici je n’avais jamais ressenti le besoin d’exposer mes réflexions et mes pratiques spirituelles. Pourtant elles existent depuis très longtemps, sans compter qu’elles sont la clef de voûte de mon travail d’artiste donc de moi-même. On psychanalysera plus tard.

Cette fois je vais vous parler de l’éthique en cartomancie. Éthique c’est le meilleur mot que j’ai trouvé.

Je tire les carte depuis 29 ans. J’avoue que ça m’a mis un coup ce calcul. C’est ma grand-mère qui m’a initiée. D’abord avec un jeu de carte tout ce qu’il y a de plus classique puis avec le jeu divinatoire de Yaguel Didier qu’elle s’était offert. Je l’ai toujours, c’est le jeu que j’utilise pour moi seulement. Ma façon de demander conseil à ma grand-mère.

Bref, plus tard j’ai étudié le Marseille. Le classique puis ma mère m’en a offert un très beau. Celui là je l’ai usé dans des bars, des vernissages, des soirées rock’n’roll ou entre ami.e.s et même dans des boites de nuit. D’excellents exercices d’ailleurs. Je suis capable de tirer les cartes dans à peu près n’importe quel contexte même si je préfère mon chariot, ma petite caravane peinte qui est quand même plus intime.

Je l’ai trimballé partout. Je dis la bonne aventure en partant à l’aventure.

Un jour en revenant de soirée des gars nous ont encerclé dans un tram. J’étais avec un ami, ils étaient relou. En fait ils ont fait discrètement nos sacs. Mon ami y a perdu son portefeuille et moi… mon tarot adoré ! J’ai un bordel monstre dans mes sacs, c’était gros et atteignable. La fin d’une époque….

Je me suis racheté le même tarot mais rien, que dalle, zéro…. impossible de faire une lecture. Un lien s’était défait.

J’ai tâtonné un moment avant de devenir amie avec le Rider-Waite Smith. Que j’ai souvent sur moi malgré ma triste mésaventure. On ne sait jamais. Mais la fusion avec mon Marseille reste indépassable.

Ça c’était pour situer un peu ma relation à la cartomancie. Personnellement je préfère dire la bonne fortune même si bien évidemment ce n’est pas toujours le cas.

Passons à la question éthique. Je vois fleurir chaque jour des nouvelles cartomanciennes sur Instagram. Elles pullulent presque autant que les #witchofinstagram. En soi c’est très bien, mais tirer les cartes, parler aux gens de problèmes parfois très lourds ça demande un vrai sérieux. C’est un peu comme le spiritisme, non en fait c’est pire avec le spiritisme, on y touche pas sans que ce soit vrai, honnête et réfléchi. On ne peut pas jouer avec ça. On ne doit pas.

Vous touchez à l’intime de la personne qui vient vous voir. Elle a un réel besoin d’aide. Vous ne pouvez pas la balader en faisant semblant.

Les cartes et les autres formes de clairvoyance sont des dons. On doit les travailler mais à la base, on a le truc ou on ne l’a pas. C’est comme tout en fait. On est fait pour ou pas. Et même si on a très envie, si on a pas le truc on a l’honnêteté de laisser tomber. Je suis une véritable bille en cuisine, j’évite d’empoisonner les gens, vous voyez ?

Vous aurez beau lire les livres que vous voulez, mais se cultiver reste important, vous aurez beau essayer de forcer vous resterez fake.

Les cartes ne sont qu’un vecteur. Un médium qui agit sur vous. Certains clairvoyants n’ont pas besoin de support. D’autres, comme moi oui. Le truc c’est que j’oublie tout ce que j’ai lu quand je suis sur un tirage. Je suis au-delà du décryptage comme on nous les donne dans les livres. Les images servent juste à enclencher d’autres images, comme le son le fait aussi dans ma tête. C’est très difficile a expliquer.

En tout cas ça a sa logique et c’est naturel. C’est un état altéré de la conscience. En fait je me souviens même très peu de ce que je dis aux gens. Quand on le dit: ah c’est super, tu sais ça a fonctionné ce que tu m’as dit, je suis relativement incapable de me souvenir de ce que j’ai bien pu vous dire. Les secrets sont bien gardés comme ça !

Si vous n’êtes pas capable de cet état altéré de la conscience oubliez les cartes, ou faites le juste pour vous si vraiment vous y tenez. Ça ne vous empêche pas d’y trouver plaisir. Ou trouvez un autre domaine. Mais ne jouez pas avec le feu.

Je vais vous donner les règles que j’applique:

-je ne veux pas de question. Vous ne parlerez pas beaucoup au départ. Je préfère définir le problème par moi-même et en général ce n’est pas le superficiel pour lequel on est là, c’est le vrai problème profond et intime qui jailli.

-je ne tire pas les cartes aux proches, je n’aime pas trop non plus avec les ami.e.s parce que ça met des verrous à mon esprit qui essaye de voir les choses qui feraient plaisir. C’est un peu comme en thérapie, il manque la distance.

Les inconnu.e.s ou quasi inconnu.e.s, c’est là que je suis la meilleure.

-je refuse les gens saouls, dans un état de conscience altéré induit par des produits et les personnes qui ont des soucis de santé mentale ( de toutes façons je le saurais tout de suite rien qu’en voyant vos cartes)

-si je ne vois rien, ça arrive, on laisse tomber. C’est que la personne en face n’est pas prêt.e

-je dis tout, sauf la mort ou quelque chose d’extrêmement grave. Ce n’est pas mon rôle et je préfère que les gens rencontrent leur destin sans l’angoisse de le rencontrer. D’autant plus que je peut être faillible.

-toujours dire aux personnes que l’on est faillible. Nous n’avons pas la prescience infuse. La fatigue, nos propres soucis peuvent parfois entraver une lecture saine. On ne le fait pas avec un coup dans l’aile ou sous psychotropes d’ailleurs, ce qui ne me concerne pas, je ne bois pas et je n’ai jamais usé de psychotropes.

-on ne le fait pas forcé.e et contraint.e ou pour s’amuser. On ne le fait pas à une personne qui ne veut pas savoir.

Quoiqu’il arrive on se doit d’être honnête et correct. On ne joue pas à madame soleil pour briller en société.

Merci d’être arrivé.e au bout. Vous pouvez partager vos sentiments sur la question. Avez vous aussi un code de la bonne bonne fortune ?