Cet article est un résumé du Stammtisch Ésotérique 9, un live sur instagram que j’anime tous les lundis de 18 à 19h. Les replay des stammtisch sont disponibles sur ma chaine youtube.
Cet article sert surtout a montrer les images dont j’ai parlé en live. Il est difficile sans connaissance technique de présenter un corpus d’images comme on le ferait lors d’une conférence ou d’une intervention classique. Je m’en suis tenue à la sphère occidentale avec une petite incursion en Egypte, pour établir cette chronologie très résumée qui a surtout pour but de mettre en lumière les enchaînements de de la perception de la magie à travers l’histoire de l’art.
Partie 1: Préhistoire-Rennaissance
C’est au paléolithique moyen que les premières représentations présentant des préoccupations esthétiques font leur apparitions. L’interprétation de ces images nous restent encore assez mystérieuses en ce qui concerne la préhistoire. Art religieux? Art magique ? Ou simple désir de représenter son monde ? C’est une question qui reste é suspend. Ci dessous une ”Venus ” très matriarcale.
L’art protohistorique, le néolithique et les deux âges des métaux, bronze et fer, voit lentement l’apparition d’un art dit somptuaire, c’est a dire en lien avec le pouvoir ou les divinités. Nous ne devinons pas encore de sorcière dans des cultes a priori plus animistes que les suivants.
Avec l’écriture vient l’antiquité. L’Homme laisse désormais une trace tangible qui permet à l’aulne de notre âge moderne et contemporain d’en donner une meilleure lecture.
En Europe c’est la civilisation minoenne qui ouvre cette ère. Une société dont la religion est tournée vers une déesse mère qui fut plus tard associée à certaine déesses grecques.
Ici une prêtresse. Pour Claude Dunant, certains rituels Minoens annonce la sorcellerie de Médée ( Claude Dunant, la Magie En Grèce, 1959 )
Les Grecs vont développer une magie qui leur est propre avec un très large spectre. Il semblerait qu’une majeure partie des praticiens soient des praticiennes si l’on se réfère aux représentations. On commence a faire le distinguo ente la bonne magie et la magie sombre. Ci dessous Circé, conservé au Musée du Louvres ) , on retrouve une magie similaire dans la Rome Antique
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L’Egypte Antique est une civilisation traversée par la magie. Ici aussi elle a un spectre large dans sa pratique mais aussi socialement. Elle est transversale à toutes les couches de la société. On retrouve trace de rituels dans des payrus. Ci dessous un payrus magique ( Musée du louvres )
Nous arrivons au Moyen Age dont on situe le début autour du Ve siecle, au crépuscule de l’empire romain. Le Moyen age est souvent considéré comme une période sombre et cela se sent dans les réalisations picturales par exemple qui détonnent dans leur facture en comparaison aux oeuvres antiques. Ce « recul » s’explique par le climat socio-politico-culturel qui serait ici assez barbant d’expliquer.
C’est aussi l’expansion de la Chrétienté un temps jugulée par Rome. Comme toujours quand la cohésion sociale est menacée il faut un coupable, une minorité que l’on blâme. Les premiers chrétiens en furent pour leurs frais jusqu’à ce qu’ils prennent le dessus, l’empire romain s’étiolant dans son immensité.
L’église a alors pour mission d’évangéliser ces barbares du monde celtique. Prêchant la bonne parole, elle utilise la notamment la peur comme outil de propagande. Par ailleurs la peur reste toujours aujourd’hui un excellent outil propagandiste. Ici c’est la peur du Diable, figure de proue d’un arsenal infernal savant.
Doucement l’église prend les terres de la paganité. Et quand la peur ne suffit pas elle imagine pléthore de Saint.e.s qui remplaceront les divinités païennes. En parallèle l’Eglise refuse toutes formes de magie oeuvres du malin.
Un des grands basculements vers les futures chasses aux sorcières est probablement la condamnation des Templiers par Philippe Le Bel aux XIIe siècle pour idolâtrie et hérétisme. A noter que le fameux Baphomet ne né qu’au XIXe siècle. Promis, je vous en parlerais dans un stammtisch.
Guerres, épidémies, famines, le moyen âge n’est pas épargné. On en revient à ce qu’on sait le mieux faire quand ça va mal, on trouve une minorité sur qui taper. Une minorité sur qui on jette l’opprobre et que l’on peut accuser de tous les maux. Pour l’église, après le coup des templiers entre autres, c’est tout trouvé. Et nous voilà au XVe , dans le Moyen âge finissant et en plus avec a disposition un nouvel outil: l’imprimerie. C’est le même choc qu’internet, tout d’un coup, l’info peut circuler plus facilement quitte a déjà balancer des fake news. Et il y en aura, faut pas se gêner. C’est ainsi que ma belle capitale Alsacienne ( je parle d’aujourd’hui hein ) accouche non seulement du moyen de propagation des infos, merci Gutenberg, mais aussi du tristement célèbre Malleus Maleficarum ( le marteau de la sorcière) manuel pour serial killer de sorcièr.e.s. Tant qu’a faire autant faire ça bien, dans mon coin on est comme ça.
Et c’est parti pour quatre siècles de chasse à la sorcière. Ok, ici dans les pays Germaniques on concentre a peu près 50 % des procés. Quand je vous dis qu’on fait les choses bien. Gloire au Saint Empire Romain Germanique.
Du coup les artistes s’emparent du sujet. Au départ la sorcière est pas toujours représentée sous un mauvais jour. Comme ici, sur cette peinture conservée dans mon bien aimé MBDK de Leipzig. Elle apparaît jeune, belle et fraîche. Presque innocente mais quand même dénudée pour qu’on reste sur nos gardes. La sorcière aime la luxure.
Et puis on va basculer vers des représentations beaucoup plus caricaturales, archétypes qui, nous le verrons, perdurent toujours. Premièrement le balai. Ci dessous probablement la première représentation d’une sorcière volant sur son balai, ça vient du Champion Des Dames enluminé par Martin Le Franc
Le balai pourquoi ? Grande question. On est partager entre la forme phallique et plus basiquement l’outil des femmes qui entretiennent leur maison. Le fantasme du vol est un fantasme sur lequel je dois encore me pencher.
En tout cas nous voilà lancés dans la mythologie de la sorcière créée tout spécialement pour nous par l’Eglise et ses bonnes âmes petites mains dont font partie les artistes. Cette vision chrétienne façonnée tout spécialement pour nous ne les épargne pas. Ci dessous Dürer, la Sorcière ( gallica bnf ) et Hans Baldung Grien Le Sabbat
Comme on le voit avec Baldung, la mythologie de la sorcière inclus les sabbats, or il n’y a jamais eu de sabbats avérés. Les femmes et les hommes persécutés ne se définissaient pas comme des sorcièr.e.s et par conséquent ne se retrouvaient pas a boire le coup ensemble a poil dans la forêt entourés de bouc et a faire du quidditch. On est très loin de la réalité mais faut avouer que le sabbat c’est sacrement plus vendeur que la sage-femme qui fabrique des onguents dans sa chaumière.
Le plus drôle c’est que souvent les villageois, pour se protéger des sorcièr.e.s nudistes usaient eux même de petits sorts magiques qui constituent aujourd’hui une partie de notre corpus de superstitions et croyances.
Avec la Rennaissance on est un peu plus foufous. Pendant que les bûcher éclairent encore les vertes campagnes, certains artistes se lâchent par le biais de l’antiquité. Ainsi Michel Ange nous pond une Sybille de Delphes ni a poil, ni sur un balai. La distanciation et l’acceptation se fait par le choix du sujet noble: la mythologie gréco-romaine.
Voila pour cette première partie. N’oubliez pas que si mes contenus vous plaisent cous pouvez me suivre sur youtube, sur instagram @ensuivantlalune , et même faire le pack complet en suivant mon travail d’artiste, mon vrai métier par ailleurs sur insta @minamondart et Mina Mond partout ailleurs.
A très vite pour la suite, quel cliff hanger !
Merci beaucoup Mina pour toutes ces informations, j’ai adoré vous lire… j’ai hâte de vous retrouver dans le prochain épisode comme j’ai toujours hâte de voir ce que vous nous réservez comme connaissances dans vos vidéos. Merci pour tout ce que vous faites. Bien cordialement !
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